Voyage Bosnie-Herzégovine 28 avril - 6 mai 2013
Depuis plusieurs années, j'avais envie de retourner en Bosnie-Herzégovine. En octobre 1994 à mars 1995, c'était encore le temps de l'ex-yougoslavie et j'étais casque bleu au Batinf 5. Ce 5eme bataillon d'infanterie occupait les montagnes au sud de la ville et principalement le mont Igman.
Le Batinf 4 était stationné sur la Skanderjia, en ville, et le Batinf 2 gérait l'aéroport. Par contre le QG de notre bataillon était à Sarajevo dans une caserne (désertée) de l'ancienne armée fédérale yougoslave. Notre bataillon, composé au 2/3 d'infanterie de montagne (compagnies du 7eme et 27eme BCA), s'était doté d'autres éléments pour cette mission d'interposition entre les belligérants : 1 compagnie du génie (venant du 4eme RG) et mon escadron blindé (venant du 2e Rch).
Ces différents éléments étaient disseminés un peu partout sur la zone qui lui était imparti et qu'il devait controler. Pour ma part, en tant que chef radio, j'étais basé à Malopolje, sur Igman, au PC de mon escadron. Malopolje, c'est l'endroit où se trouvent les tremplins de saut à ski des jeux olympiques de 1984.
Nous avons tous passés plus de temps sur les montagnes qu'en ville pour ainsi dire, mais pour y être allé quelques fois, Sarajevo m'avait marqué comme ville. J'y avais vu des ressemblances par certains cotès à Berlin-Est mais j'ai aussi découvert d'autres styles d'époques. Un peu comme un retour en arrière dans mes souvenirs de France des années 70... Mais bon, là-bas c'était la guerre et les choses étaient particulières aussi.
En 2012, un collègue du boulot lui aussi motard, s'était montré particulièrement enthousiaste pour mon projet. Lui-même avait été casque bleu à Bihac en 92-93 et gardait de trés bons souvenirs des gens de l'époque. Bref, On se fixe le projet, les dates et je commence à organiser le truc. Mais 3 mois avant le départ, il déclare forfait!
Un peu déçu, je me dis que c'est partie remise pour l'année prochaine et ça n'en sera que mieux préparé. En janvier 2013, re-belotte! Il me dit que financièrement ça n'est pas envisageable... Bon ben, tant pis! Cette fois, même seul, j'irai et je le fais savoir!
Un autre collègue motard s'interesse à son tour à mon projet. Il laissera tomber, comme le premier, 15 jours avant de reserver les billets du ferry. Clair que c'aurait été plus sympa à deux motos, mais bon... ça me permettra d'être plus autonome comme ça!
Mon idée de départ est de de minimiser la durée des longs trajets pour passer le plus de temps possible sur place. Sachant que j'ai 1000 kilomètres à faire jusqu'à Ancona pour prendre le ferry et à peu prés 500 kilomètres là-bas, l'autoroute sera privilégiée au maximum. Je m'organiserai les moments de récupération car je veux tout le temps rester en forme et rouler le jour uniquement. Donc le jour du départ j'irai en direction de Novi Ligure en Italie. C'est à 560 kms et je pourrai faire une halte pour la nuit pour terminer le trajet tranquillement le lendemain. Il me restera environ 450 kms à faire. Je serai donc cool en timing pour manger et tout le reste. Puis la traversée de l'Adriatique Ancona - Split (Croatie) se fera de 21h00 à 7h00 histoire d'avoir une nuit récupératrice.
Je commence à me renseigner 1 mois auparavant sur internet pour mon hébergement et commence à organiser mon séjour touristique. Régulièrement je vois le nom de "ALMIRA" sur plusieurs sites. Que ce soit des officiels ou de simples touristes, tous ceux qui l'ont rencontré n'en font que des éloges! Je décide donc de la contacter! Notre correspondance est trés sympathique et je lui expose mon projet, mes disponibilités et comment je souhaite me déplacer. Très vite, nous trouvont un programme adapté à mes besoins : c'est du sur mesure! C'est grace à elle que j'ai parcouru et visité la Bosnie dans d'aussi bonnes conditions. Elle s'est occupé de me réserver les Hotels (4 nuits en Bosnie et 1 en Croatie) et m'avait programmé les visites guidées en fonction de mes demandes. Les chambres étaient quasiment de petits appartements (la place ne manque pas là-bas...) et les petits déjeuners toujours copieux! Un voyage sur mesure, et le tout pour 228 euros! Ca laisse réveur...
Dimanche 28 avril - 14h30 -
A peine parti de Montpellier, je dois mettre mon équipement car il se met à pleuvoir! J'accentuerai ma prudence en roulant notamment à partir de Nice en raison des nombreux tunnels et des coups de vents à leur sortie. Puis longerai la mer jusqu'au environs de Gênes. J'aurai droit à un beau ralentissement juste avant, à cause d'un accident assez spectaculaire mais sans gravité. Les Italiens ne conduisent pas aussi mal que je le pensais, même s'ils ont leurs "coutumes" : monopolisation de la voie centrale, clignos mis à la dernière seconde, etc.
Novi Ligure.
Grace aux repérages faits sur "Google map", j'arrive directement à l'hotel sans me tromper.
Le temps de payer la nuit et de convenir de l'heure pour le petit déjeuner (9h00 pas avant...) et monte dans ma chambre. Il est 20h30. Je ne passe pas une trés bonne nuit : il y a une soirée musicale au restaurant juste en dessous qui s'éternisera jusqu'a 1h00 du matin. Ensuite, le sommeil sera "épisodique" (jusqu'au réveil complet à... 6h00).
Lundi.
Je descends donc prendre mon petit déjeuner et libère ma chambre pour re-équiper la moto. Sauf qu'en sortant dehors... : il pleut! Je dois remettre la combinaison de pluie, et je reprends l'autoroute. Il est 10h15. Je ne mets pas le GPS en ayant mémorisé les directions et négocie bien la première et la 2éme intersection d'autoroutes. La 3éme, à Piacenza, j'aurai une hésitation qui me sera fatale : je prends la direction de Brescia. A un moment, je me doute qu'un truc cloche. Je m'arrête sur une aire et regarde la carte : merdasse! J'ai tiré vers le nord de plus de 60 kilomètres! Tant pis, je ferai une boucle par Verona, redescendrai ensuite vers Modena et Bologna.
Et toujours sous la flotte! Quelle galère... Bilan : 140 kms de plus.
Heureusement, les conditions météo s'amèliorent à Bologna et je peux enfin enlever ma combi pluie et une chemise polaire. Finalement, j'arrive à Ancona vers 17h30.
Sur la route je croise un motard qui me fait signe de ralentir. Un peu plus loin, effectivement, la police est là, avec les jumelles. Je trouverai facilement l'embarcadère pour les ferries ainsi que l'agence "Jadrolinija" pour obtenir mes billets d'embarquement.
J'irai manger un sandwich au snack du port, histoire de ne pas avoir l'estomac vide dans le bateau. J'ai pas le pied marin et ça commence à m'angoisser...
- 19h00 -
Un agent maritime nous oriente vers le quai du bateau. Puis, on me fait signe de m'arrêter en tête de file moto. Les files de voitures sont placées à ma gauche. Par contre, j'ai un doute en voyant le bateau. Ce n'est pas la même compagnie... Je vais voir le type qui gère les files de véhicules et lui demande si c'est bien dans le "Marko Polo" que je vais embarquer. Etonné, il me dit que non et me fais signe de tout contourner et d'aller plus loin, vers un autre quai. Là, effectivement, il y a mon bateau. Mais y a pas foule à l'embarquement...
On me fait signe, je présente mes billets et j'embarque.
Un marin me guide pour que je me colle au plus prés de la paroi. Une fois désequipée de mes sacoches, le type s'attèle à caler et sangler correctement la moto.
Direction le 4eme pont pour m'enregistrer et aussi obtenir ma cabine. Les formalités faites, je redescends au 2eme pont et entre dans mes appartements : Une cabine double, que j'occuperai seul durant la traversée. Je me change et monte sur les ponts extérieurs pour faire quelques clichés photos.
- 21h00 -
A l'heure, le bateau quitte Ancona. Je redescends en cabine pensant rencontrer un colocataire... mais non. D'ailleurs, je dois être le seul occupant de toute la zone cabines. Il n'y a vraiment pas beaucoup de monde sur le bateau. La saison touristique n'a pas vraiment commencé et c'est tant mieux! Bien que la mer soit calme et le moteur ronronne bien, je n'arrive pas à trouver le sommeil. Re-belotte : encore une nuit à épisodes!
Mardi.
- 5h00 - Reveil!
Ah?! j'aurai donc un peu dormi malgré tout...?! Toilette et rangement des affaires faits, je monte au restaurant à 6h00 pour le petit déjeuner. Là, je trouve deux buffets copieusement achalandés, miam!
Le bateau ne tangue toujours pas, quel bonheur.
Je file ensuite m'équiper et prends mes affaires pour me rendre au pont des véhicules. Tout le monde est dans les couloirs en attendant l'autorisation des membres de l'équipage pour récupérer sa voiture, camion, etc... Au signal, c'est la ruée!
Je suis entré le premier dans le bateau et je serai dans les derniers à sortir. Ca me laisse le temps de brêler mes affaires sur la moto. Mais finalement, ça se vide rapidement vu qu'il n'y a pas beaucoup de monde. Une fois dehors, je suis en Croatie (Split) et reste dans la file en direction de la douane.
Ciel bleu et soleil : il fait chaud! Il n'est que 7h15 pourtant...
Au bout de 30mn, le douanier m'arrangue : "passeport, please!" Je réponds : "ID card, only sir!" Le type fronce les sourcils, mais je sais que la carte d'identité suffit pour entrer sur le territoire. "Papers for vehicle!" me demande t-il alors.
Il sort vérifier l'immatriculation, regarde ma carte d'identité une nouvelle fois et avec un rictus me dit : "Franzuski..." Puis il me rend tout en me faisant signe d'y aller.
Je prends le nord vers Dugopolje et sors de la ville prendre l'autoroute à 20 kms de là. Destination Mostar! Je ferai une centaine de bornes avec cette autoroute toute neuve qui descend vers le sud et qui longe l'adriatique. Je ne doublerai/verrai que 5 ou 6 voitures et bus. Pareil de l'autre coté. On est mardi matin et il est encore tôt, mais Y'a vraiment personne!
Un truc surprenant, ce sont les panneaux informant sur la présence de Loups et d'ours. C'est vrai que la zone est sauvage tout autour, même si le relief et la végétation sont de type méditerranéens comme chez moi. J'aurai eu envie de dire que c'était "désertique" tant tout est calme, sans constructions ni présence humaine pendant des dizaines de kilomêtres!
Autre chose aussi : les odeurs sont différentes de ma guarrigue Montpelliéraine... c'est nettement plus "authentique"! Je roule depuis 20 mn lorsque j'apercois un motard dans le rétro. Le type me double et reste ensuite devant moi jusqu'au dernier kilomètre.
L'autoroute s'arrète avant la frontière Bosniaque. Il est en projet de la poursuivre en contournant cette dernière par les iles d'à coté. Le but étant de relier Dubrovnik (toujours en Croatie) un peu plus loin. Le motard s'arrête sur le coté aprés le péage et fait sa pause cigarette. Il est immatriculé en Allemagne..
Je me range derrière sa DL storm et me présente : "Hello! I'm Miguel. I'm French! You speak english?" Il me répond : "Hi, I'm Larry, Yeah! I'm American!" Je suis étonné... mais il m'explique qu'il va travailler à l'ambassade américaine de Sarajevo et qu'il arrive de Frankfort où il est stationné en tant que personnel civil de la défense. Là, il est en mode touriste et préfère faire la route en moto. "Aaaahh, ok, ok, ok!" A mon tour de lui expliquer mon trip... "Aaaahh, ok, ok, ok!" On rigole!
Direction la Bosnie. Il passe devant et avec son super GPS on roule pendant 10mn avant d'arriver à Vrgorac. Là, des travaux bloquent la route vers la frontière. Son GPS devient fou et ne trouve pas d'autre accés. On s'arrête et je lui explique que j'avais regardé les routes sur Google map 3 jours auparavant et qu'il faudrai se diriger vers une autre ville : Metkovic. Lui ne la trouve pas sur son GPS.
Effectivement, autant toute la Croatie est bien répertoriée pour beaucoup de navigateurs, autant la Bosnie ne l'est que partiellement (même pour les villes)! Google map n'a pas eu d'autorisation je pense..
Larry me dit ok et je prends la tête. La route locale est de type "départementale" comparé à la France. Ca se transformera en "communale" voir en simple chemin quelques fois... Vu que je découvre vraiment le pays, je roule prudemment et ça m'évite les excés de vitesse! On arrivera sans encombre à Metkovic où on fera le plein d'essence. Le passage de la frontière se fait sans problème.
Il y a de nombreux bus Italiens sur place. J'apprendrai plus tard qu'ils se rendent à Medugorje, un lieu de pélerinage catholique. Nous patienterons une bonne vingtaine de minutes avant de passer. De l'autre coté, c'est pire pour ceux qui vont en Croatie! Le jeune douanier Bosniaque nous demande quelles sont les cylindrées de nos motos en amateur éclairé et nous racontera même un peu sa vie... puis nous prenons la direction de Mostar.
La route est pas mal et je commence à ressentir les même sensations d'il y a presque 20 ans...
Mostar, enfin! J'ai parcouru 190 kms.
Je m'arrête à l'entrée de la ville et demande à mon nouvel ami s'il souhaite faire une halte ici. Il me dit que non car il préfère se rendre à Sarajevo directement. Ce n'est pas loin (130 kms) et il veut y être pour déjeuner. Ok. On s'échange nos e-mails et on se quitte en se souhaitant bonne continuation. D'aprés, mes repérages initiaux, je trouve l'hotel très rapidement.
Je suis attendu : une jeune femme sort de l'hotel et me demande si je suis bien le Francais qui vient visiter Mostar. Je répond : "Yes, I'am!"
Les formalités effectuées, je monte déposer mes affaires dans ma chambre... euh... mon appartement et revient pour ranger la moto dans le garage de l'hotel.
Je retourne à l'acceuil, et demande à la réceptioniste si elle a des nouvelles de ma guide "Almira". Oui : Elle l'a prévenu de mon arrivée. Almira fini sa visite avec un groupe de touristes et vient me récuperer dans 1h. Il est 11h45... j'ai donc le temps d'aller déjeuner. Je prends la direction du centre ville à pied et fais 100 mêtres. Devant moi un restaurant! Super! Je m'installe et passe commande. Le plat arrive et il est copieux. Je ne le finirai pas... D'ailleurs je ne me rappelle plus du nom imprononçable de ce plat typique, légèrement épicé et très bon. Dessert et café, le tout réglé 24KM (soit 12 euro), le prix est plus que raisonnable. Café prit, je remonte à l'hotel et la receptioniste m'informe que Almira doit arriver dans 10 mn.
Effectivement ma guide arrive à l'heure. Je suis heureux de la rencontrer enfin! Almira est très sympathique avec un grand sourire et beaucoup d'humour! Une fois les présentations faites, non partons pour la visite!
Nous parcourons le vieux Mostar durant deux heures. Ma guide est dynamique et me fera un historique culturel et politique de la ville depuis sa création par les Ottomans jusqu'aux élections municipales du mois prochain! De rues en quartiers et en habitations typiques nous visitons Mostar sous une chaleur écrasante!
Nous parlerons évidemment de la guerre et de ce que Almira a vécu pendant plusieurs mois : La vie dans les abris à cause des bombardements, le rationnement, mais aussi son travail d'interprête pour les forces françaises et puis ensuite son séjour en France durant deux ans . Je verrai en elle une reconnaissance et une admiration débordante pour la France, à bien des égards! A son retour, elle ouvrira seule son agence de voyage au bout de quelques mois. C'est aujourd'hui encore la seule femme chef d'entreprise dans sa ville!
Nous finissons la visite devant son agence de voyage où nous retrouvons de nombreux touristes dont certains sont Français. La discussion s'engage et je découvre des gens de la haute-marne, de la Vendée et de l'Isère.
Almira me proposera d'en rencontrer encore d'autres et de me joindre à eux en fin de journée pour revoir certains lieux ou simplement bavarder avec les gens pour le repas du soir. Je la remercie cordialement, mais lui avoue que j'ai trop peu dormi ces dernières nuits. De plus, la route pour venir et la visite que nous venons de faire, m'ont complétement achevés. Nous nous séparons devant son agence avec une boite de gateaux bosniaques en guise de bienvenue. Retour à l'hotel, douche et au lit. Il est 19h30!
Mercredi 1er Mai.
- 6h30 - Reveil! Le petit déjeuner est servi à 7h00. Je descends.
Buffet copieux en self service. Une famille est déjà en train de déjeuner. Ensuite, je remonte prendre mon appareil photo et part refaire le circuit d'hier vu avec Almira.
En effet, je n'avais pas pris de photos durant la visite car j'étais attentif et posais des questions au fur et à mesure du cheminement. Ce matin, la foule des touristes n'est pas encore dans la ville et je pourrai prendre tous mes clichés tranquillement, à la fraicheur. Hier, la receptioniste m'avait dit que a température était montée à 30°C au plus fort de la journée. Aujourd'hui, ça sera pareil : le ciel est limpide et le soleil donne déjà bien!
En fait toute la semaine il aura fait une température estivale. Quel contraste avec la france et l'Italie où j'ai eu pluie et froid! Dans Mostar, les commerces ouvrent doucement, les rues sont calmes... reposantes.
A un moment donné, je me trouve sur le vieux pont contemplant les deux cotés de la villes, lorsque j'entends un brouhaha derrière moi. A priori, 5 ou 6 bus de tourisme viennent de larguer leurs occupants qui se ruent dans la vieille ville et viennent sur le pont. Ca jacasse dans toutes les langues. Du slave (Polonais, Tchéque, Slovène, Serbe), en passant par l'Anglais, de l'Allemand, et même du chinois!
Midi
Je vais déjeuner dans un petit restaurant à l'écart des grandes rues touristiques le "Taurus". La salle est presque vide à part une grande table occupée par des familles de Français (encore). L'heure sacrée du repas, et obligation de sustenter la marmaille sans aucun doute...
Sur le conseil d'Almira je décide d'aller visiter un lieu particulier non loin de la ville : Blagag. C'est un lieu où des ermites de l'époque Ottomane s'étaient établis. Aujourd'hui très tourisitque, le site attire beaucoup de monde. Effectivement, à mon arrivée c'est bondé! L'accés est difficile car il y a pas mal de voitures stationnées les unes derrière les autres et les gens descendent ou remontent du lieu à pied. En moto, je ne serai pas pénalisé et stationnerai quasiment à 20m de l'entrée.
L'endroit pitoresque est aussi l'origine d'une source abondante à l'eau limpide est très fraiche. Le niveau est très haut pour la saison et les terrasses des cafés-restaurants sont réduites de moitié.
Retour à Mostar ensuite et re-ballade en fin d'après midi pour découvrir d'autres coins de la ville moins tourisitiques. Les constructions témoignes de plusieurs influences et d'époques. La vision globale est assez saisissante avec en plus l'état de certaines maison et immeubles.
En effet, la guerre a laissé des marques importantes : immeubles complétement ou partiellement détruits, impacts de balles, rues abimées... Ceci étant, la reconstruction a été presque aussi "efficace" : nouveau batiments privés comme publics, rénovation des anciens (surtout culturels et/ou religieux). Les fonds européens (Unesco et UE), américains et des pays arabes ont permi de remettre la ville en état.
Je découvrirai aussi des batiments arrêtés pendant leur construction.
Il y a bien quelques vignes autour de la ville et une mine de cuivre pas loin mais c'est le tourisme qui est le principal vecteur économique de la région.
Et de l'eau à profusion! Tout vient des montagnes environnantes ou plus au nord. Le fleuve Neretva arrive de Bosnie Centrale avec un débit très important et une eau très froide même l'été... Une eau claire et réputée ici pour sa pureté (j'ai vérifié)! C'est assez impressionant pour moi car ça n'a rien à voir avec ma région et ma vision méditerranéene du relief. Je cherche des éléments de comparaison avec Montpellier et les environs mais à part le type "guarrigue" (collines de cailloux parsemées de buissons épineux), peu de choses se ressemblent.
La chaleur se fait moins pesante en fin de journée et en rentrant à l'hotel, je vois beaucoup de monde attablé aux terrasses des cafés. L'ambiance est décontractée, les passants comme les touristes marchent nonchalamment. C'est aussi une atmosphère qu'on ressent d'une façon générale en Bosnie : une certaine quiétude. Les gens sont bien moins stressés que nous autres occidentaux! D'ailleurs je m'exercerai au traditionnel envoi de carte postale et celle pour la maison arrivera 2 jours aprés mon retour. C'est à dire quasiment une semaine aprés l'avoir postée. Petite douche en rentrant et direction le resto ensuite.
Jeudi
- 7h00 - Petit déjeuner
La salle est pleine. Des touristes que je n'ai pas vu arriver ont rempli tout l'hotel. Principalement des Polonais aux vues des t-shirts et autres logos estampillés sur les vétements.
- 8h30 - Départ pour Sarajevo!
Même style de route mis à part qu'il y a un peu plus de circulation (qui reste vraiment light) et que la température se rafraichit légérement. De nombreux tunnels jalonnent le parcours. certains ont été rénovés, d'autres sont en moins bon état avec de l'eau qui suinte le long des parois ou qui tombe du plafond. La chaussée est même considérablement marquée à ces endroits... Par contre des portions de route sont quasiment neuves et suffisament larges pendant quelques centaines de mêtres, suivant le relief et les pentes des montagnes.
Je longerai la Neretva et sa trés belle vallée pendant plusieurs kilomètres sans que je sente réellement une montée en altitude. Les paysages sont superbes! Moi qui ne les avais vu que de l'arrière d'un camion militaire baché il y a 19 ans, ça change! Vallées, montagnes, rivières et même des plans d'eau comme des lacs se succédent.
Je traverserai quelques localités où je verrai des stigmates de la guerre : Impacts de mitrailleuse lourde et d'armes lègères sur des facades d'immeubles et surtout en hauteur (difficile de rénover ces endroits).
A l'approche de Sarajevo, la circulation s'intensifie. Mais la route ne s'élargit pas plus pour autant... Plus loin, un accés en voie rapide permet d'entrer plus rapidement en ville.
Me voilà finalement sur la "sniper avenue". Cette grande pénétrante, à 2 fois 3 voies séparées par les voies de tramways, est longue de plusieurs kilomètres. Elle dessert tout d'abord les "nouveaux quartiers" (construits dans les années 70-80) qui ressemblent plus à une immense ZUP, puis des centres semi industriels.
Sur la file de gauche, un 4X4 rutilant me dépasse au son d'un gros moteur essence à boite auto. A l'intérieur deux militaires. A l'uniforme, je reconnais des Turcs. Le véhicule estampillé du sigle de l'EUFOR est surement en patrouille.
Je m'arrête à coté d'un grand carrefour marquant l'entrée dans une autre partie de la ville, plus ancienne. Même si le changement de décor n'est pas flagrant, on y percoit quand même un contraste d'époques. La guide me le confirmera plus tard...
Là, des batiments plus imposants, espacés, avec des parcs, se répartissent de chaque cotés des grandes voies de circulation. L'ambassade des USA, le Musée, Une église, une faculté étudiante... souvent des constructions du début du 20éme siècle en fait. Je reprends ma route, suivant les indications presques précises du GPS. Je constate pas mal de tombes dans les petits parcs longeant les rues.
Il n'y a plus que deux fois deux voies maintenant. J'arrive au début de la dernière partie de la ville lorque ça se rétrécit encore : les montagnes sont autour et bordent le vieux centre (historique) de Sarajevo.
L'hotel où je suis attendu se trouve dans le quartier de Bistrik (pas loin de Skanderjia) proche du vieux centre. J'ai juste le temps de trouver et de me garer devant que le Le patron de l'hotel m'acceuille en anglais et me fait comprendre qu'il y a un problème... Ma chambre a eu un dégat des eaux et les réparations vont prendre un peu de temps. Elle ne sera à nouveau disponible que dans 24h! Aïe! Pas de souci : il m'invite à suivre la voiture de son frère qui va m'emmener à un autre hotel où je serai hébergé comme prévu. Ouf!
Nous contournons le Vieux centre pour nous retrouver de l'autre coté à 200 mètres à peine de la première rue touristique! Il est 10h30 lorsque la receptioniste m'acceuille. Par contre mon arrivée n'était pas prévue ici et ma chambre est en cours de préparation. Elle m'informe qu'elle sera prête à 11h00 et que le garage pour la moto sera disponible qu'un peu plus tard. Des motards Slovènes monopolisent l'endroit et doivent quitter l'hotel à midi seulement. Pas grave, ça permet de faire les formalités et de discuter un peu avec les personnes présentes.
11h00 : je déséquipe la moto, récupèrere mes sacoches et peux enfin entrer dans ma chambre. Je profite du wifi pour envoyer un message à Almira et l'informer de ce rebondissement.
Midi : Je reviens à l'acceuil. Les Slovènes sont là, équipés et prêts à partir mais la receptionniste est nerveuse. Elle me dit que je ne peux pas entrer la moto dans le garage ni faire sortir celles des Slovènes : une voiture stationne et bloque le portail basculant! Je vais voir sur place et effectivement, un break 307 Peugeot, immatriculé en France (dans la drôme) est bien garé devant! La receptionniste confirme que ce sont bien des Français qui sont les propriétaires de la voiture. Ils sont aussi des clients de l'hotel mais surement en ville, en ballade.
Je vois que tout le monde s'affaire à l'acceuil en prenant des postures bizarres. On m'explique qu'on veut faire passer les motos par le couloir, l'acceuil et la porte de l'hotel pour les sortir!
Je retourne à la fameuse voiture, inspecte visuellement l'intérieur... pas de led clignotante et les tirettes de portières sont toutes levées! Au pire, si j'ouvre... ça va sonner et ça s'arretera au bout d'un certain temps. Mais bon, "aux grands maux, les grands remèdes"! J'ouvre la portière conducteur... : rien! Demi-tour et je reviens à l'acceuil!
J'informe les gens que tout va rentrer dans l'ordre rapidement surtout s'ils m'aident à déplacer la voiture. Ils me suivent et devant leurs mines dépitées, étonnées (et radieuses ensuite) j'entre dans la voiture et desserre le frein a main! On recule le véhicule libérant instantanément le garage. Joie et bonne humeur! Bref, j'ai eu droit à des grands merci de tout le monde et au soulagement de la receptioniste qui était très mal quelques minutes auparavant.
J'en profite pour lui demander d'appeler ma guide pour la visite de l'aprés midi et de se fixer le rendez vous à l'hotel à 13h00. Chose faite, je descends la rue pour aller manger dans un resto du vieux centre. Je découvrirai plus tard, avec la guide, que l'endroit que j'avais choisi était un ancien caravansérail...
La visite de Sarajevo durera presque 2 heures. La guide parle parfaitement bien le Français avec un accent typique. Histoire de la ville, de sa création et des différentes influences et populations, quartiers, anecdotes : elle connait tout, jusqu'aux dates par coeur! Vraiment, il fallait que je fasse cette visite pour mieux m'imprégner de cette culture. Je poursuivrai seul ensuite pour faire des photos puis rentrerai à l'hotel.
Almira a répondu à mon mail! Pas de souci : le transfert d'hébergement s'est opéré sans problème et je reste dans la formule et prestations du départ. Elle est désolée et s'excuse de la mauvaise surprise alors que c'est indépendant de sa volonté. Elle me demande si j'étais content de ma visite. Je la remercie vivement et lui dit que j'en suis ravi! Je prends une bonne douche et retourne au resto-caravansérail dans la soirée pour un bon petit diner.
Vendredi
- 8h00 - Petit déjeuner.
La receptioniste de la veille est là et nous entamons la discussion sur les événements d'hier lorsqu'une famille arrive. Elle me désigne les gens comme étant les propriétaires de la fameuse voiture. Je m'excuse d'avoir déplacé leur voiture en leur absence. Pas de problème me répond le père de famille...
- 9h00 - Départ.
Je programme le GPS direction Igman et Malopolje. Il me propose un itinéraire qui m'étonne un peu. Clair que 19 ans ont passé et que les routes ont du changer, alors pourquoi pas... Je reprends les grands voies par lesquelles j'étais arrivé la veille comme si je retournai sur Mostar. A un moment, je bifurque vers Ilidza, un quartier extérieur de Sarajevo, que je traverse, et me retrouve en bas d'une montagne. Le GPS indique que mon objectif est en haut et de l'autre coté! Pas de route en vue...
Bon, on va le faire à la méthode traditionnelle : repérage visuel et infos auprés des personnes! Je longerai cette montagne parallélement à Sarejevo au loin, passerai devant plusieurs maisons et finalement j'interpelle un commerçant devant sa boutique. Je me rappelle bien du Village où commencait notre zone de responsabilité de mon escadron : Krupac! Il était en direction de Trnovo (une petite ville serbe) et en bas d'un carrière à flanc de montagne. Le type me fait des gestes pour m'expliquer car il ne parle pas anglais ni français. C'est pas très loin à priori, nickel!
Effectivement, je rejoins une plus grande route que je reconnais immédiatement et au bout d'un kilomètre j'arrive à Krupac. La carrière est toujours exploitée juste au dessus et la route menant à Malopolje est ouverte!
La route n'a pas changé et à part deux endroits refaits elle est encore en très bon état! J'arrive à reconnaître les anciens emplacements de nos postes de surveillance où ont vécu mes camarades pendant de longs mois. La végétation a repris le dessus et il ne reste rien de l'ancienne présence militaire à ces endroits, mais mes souvenirs sont encore précis et je sais où et comment étaient nos postes. Ca fait bizarre de revoir tout ça alors qu'aujourd'hui il n'y a personne, pas un bruit.
Je m'arrête un instant et regarde derrière, vers Sarajevo. On voit la ville au loin.
Je poursuis mon ascension et arrive devant la stèle marquant le lieu de l'accident de la chenillette où des camarades sont morts.
Receuillement.
Je passerai aux endroits où d'autres camarades étaient en poste tout au long de la route. La végétation se modifie en montant : on passe du sec et méditérranéen à du montagneux et des sapins. L'hotel Igman est toujours là... toujours en ruine. D'autres batiments ont été réhabilités et ré-occupés par la police et les gardes forestiers. Les anciens terrains de sport sont fonctionnels aussi.
De nouveaux immeubles ont été construits et même un hotel tout proche des stations de ski de Babindol et Malopolje. Des ouvriers des travaux publiques creusent une tranchée dans la route non loin de là. Je croise un motard en pause avec sa motocross.
Dernier croisement de routes....
Je redécouvre le site toujours aussi grandiose où j'ai passé 6 mois pendant l'hiver 94-95.
Batiment principal, celui des arbitres, remontées mécaniques : Tout est fermé. C'est bientôt l'été et ce site ne ré-ouvrira que dans 6 ou 8 mois sans doute. On dirai un lieu de vacances attendant les visiteurs et la nouvelle saison touristique, comme les païllotes l'été. Troublant.
Je gare la moto en face du podium et quitte le blouson pour faire la photo "remember".
Je fais un rapide tour à pied de la zone et au pied du local de remontés mécanique et des souvenirs me reviennent : Durant des semaines, nous avions utilisé les batteries de nos véhicules pour alimenter nos postes radios. Les batteries se déchargaient vite et le froid n'aidait pas : on a même eu du moins 27°C une fois! De plus il fallait faire tourner les moteurs réguliérement pour les recharger alors que nous avions des problèmes d'approvisionnement de carburant. Les Serbes exercaient un blocus autour de Sarajevo et détournaient/pillaient certaines de nos citernes.
Il fallait trouver une solution "économique" acceptable pour continuer à fonctionner normalement. Je savais que les remontées mécaniques comportent beaucoup de pièces électriques et notamment des transformateurs. Avec un de mes gars nous sommes montés dans la partie supérieure de la gare motrice à la recherche du précieux transfo. Car des transfos, il en avait, mais pour alimenter nos postes en 24 volts, ça... c'était pas sur!
On en a trouvé deux! Sur d'autres sites on en a trouvé deux autres. Mon idée était de fabriquer des alimentations stabilisées comme quand j'étais cibiste. Ce serai rudimentaire mais si ça marchait, quelle aubaine! Sur chaque site, un gros groupe electrogène "Perkins" alimentait la zone vie en permanence en 220V. On pourrai brancher les alims dessus et en cas de problème on pourrait revenir sur les batteries...
Le plus délicat fut de me procurer des ponts de diodes pour redresser le courant (passer de l'alternatif au continu) aprés le transfo. Ca, c'est un gars parti en permission en France qui me les a trouvés. Joins par téléphone, via satellite militaire Sicile, je lui ai passé commande dans un magasin d'electronique. A son retour, j'ai pu finir mes montages "mac-Gyver"!
J'ai récupéré une caisse de munition vide que j'ai un peu modifiée pour mettre tous les composants à l'intérieur et faire un prototype. Et finalement avec une entrée 220V, le transfo et le pont de diode en sortie 24V : le tour était joué!
Le seul risque était la surtension : il fallait surveiller le débit du groupe electrogène pour ne pas avoir du 240V. Sinon, mon alimentation pouvait délivrer du 30V en continu. Et ça, le poste radio... il aime pas!
J'en ai fait 4 comme ça et elles ont servi jusqu'à notre départ et même aprés, pour ceux qui nous ont relevés.
Un chien déambule non loin de moi, et viens chercher une caresse. Il a un badge numéroté en plastique à l'oreille. Il n'est pas donc abandonné. Effectivement, une dame en promenade sors de je ne sais où, me dis bonjour au loin, et le chien la rejoint.
Je regarde encore un fois autour de moi : je n'ai plus rien à faire ici et je sens qu'il est temps que je parte.
Direction Mostar.
Il fait beau sur la route de retour, les paysages sont toujours aussi grandioses. Je ferai de petites haltes photos pour en immortaliser quelques uns.
Midi.
Je sors de Jablanica en me rappellant avoir vu des restos en bord de route hier. J'hésite sur le premier : trop de monde! Le second : je passe devant en le remarquant trop tard... Le troisième est le bon! Je choisis un table non loin de la moto et une serveuse arrive. Elle ne parle pas anglais, mais le menu est bilingue : je lui montre ce que je veux et l'affaire est lancée!
L'assiette arrive, copieuse! Je me régale! Ensuite : dessert et café bosniaque! L'addition est dérisoire... pire qu'à Sarajevo!
Globalement, je peux dire que la vie là-bas est à moitié prix (voire moins) pour un Français. Bon, l'endroit est plaisant et bucolique mais il faut que je reparte!
J'arrive à Mostar en début d'aprés midi et me rend directement à l'agence d'Almira. J'y trouverai uniquement la secrétaire car la patrone est en visite et s'occupe d'un groupe de touristes.
Je me rends donc à l'hotel où je retrouve les mêmes personnes, la même immense chambre et le garage pour la moto. Après m'être changé et passé du mode motard (cuir) au mode touriste (jean et chemisette) je reviens à l'agence. Almira est là. je suis content de la revoir, même si c'est pour lui faire mes adieux. Nous traversons la rue et nous installons à la terrasse du café d'en face. Nous bavarderons 2 bonnes heures, parlant de tout et de rien en riant de la vie et de ses turpitudes.
C'est une femme extraordinaire à l'esprit éclairé, généreuse et aux yeux pleins de malice! Une personne vraie, qu'on apprécie vraiment de rencontrer! Elle m'expliquait aussi que son tempérament s'est adapté à son quotidien après la guerre : du quoi sera fait demain? Personne ne sait... Alors : vivons! L'heure est venue de se dire adieu. Je la remercie de toute son organisation qui m'a bien enlevé des soucis de réservations et lui promet de lui faire de la publicité à mon retour.
Samedi
- 7h00 - Petit déjeuner.
Je remercie le personnel de l'hotel qui a été vraiment très sympathique et disponible durant mon séjour.
- 8h30 - Départ pour Pocitelj et les chutes de Kravice.
Peu de monde sur la route, soleil radieux, je roule tranquille le long de la Neretva. Je passe en contrebas d'un village fortifié à flanc de colline : Pocitelj. Mur d'enceinte, vieilles pierres, minaret et tour de guet, le site avait une position statégique. Il contrôlait l'accés vers Mostar et la Bosnie intérieure.
Au village de Capljina je prendrai à droite au lieu de continuer par la route d'où je suis venu. Direction Kravice. L'aspect "desertique" est moins marqué ici. Il y a des habitations disséminées le long de la route mais je ne sais jamais précisément où je suis : les panneaux et autres indications manquent un peu. Mais vu que le réseau routier est limité, je ne demanderai ma route qu'une seule fois. J'arrive sur ce site qui est perdu en pleine nature. Au bout d'une longue route on arrive sur un immense parking avec un petit chalet-snack. Derrière, on voit des chemins piétonniers aménagés qui descendent vers les cascades. Des bus vides sont en attente. Je verrai un couple en moto partir en ballade à pied et me dis que je ferai bien d'y aller jeter un oeil moi aussi.
J'entends le bruit des cascades et à un moment, un panorama s'offre à moi. Superbe! Des touristes en contrebas déambulent sur les chemins ce qui me permet d'estimer la taille des chutes : impressionnantes! Mais il commence à faire chaud et en marchant je me dis que la remontée sera un peu pénible. Bref, retour alors au parking et vais boire un coup au snack. Pause.
Je regarde la carte et me dis que je vais éviter de repasser par la même frontière qu'à mon arrivée. Il y a d'autres endroits et surement des postes douaniers moins fréquentés sur ma route. Donc direction Studenci, Ljubuski et Crveni grm (prononcez : Tchervénigorom)!
En sortant de ce dernier village, je me retrouve dans une file de voiture en pensant bien que le poste de douane n'est pas très loin. La route remonte légérement et je reconnais la petite chaine de collines matérialisant la frontière.
J'attends sagement mais on avance vraiment pas vite. Je coupe le moteur et enlève casque et blouson. A chaque avancée, je pousse la moto de quelques mètres en cherchant un peu d'ombre à proximité car le soleil donne bien. Sauf qu'il n'y a pas d'arbres adaptés. Mais un peu plus loin, il y a une maison en bord de route avec une ébauche de jardin. Je suis intrigué par un long cable tendu en hauteur devant son garage. A droite de ce cable je vois un anneau et une chaine descandant vers une petite cabane en bois qui est en fait : une niche! Derrière la niche, je ne verrai que la tête d'un chien de taille respectable. Le chien a surement l'alonge necessaire avec sa chaine glissant sur le cable pour faire des vas et viens et surveiller l'entrée de la maison. Je ne prendrai pas le risque de me mettre à l'ombre sous le porche du garage...
Mais ça n'avance vraiment pas et je commence à avoir très chaud maintenant.
J'entends un bruit de moteur. Une moto remonte la file de voitures et en arrivant à ma hauteur me toise bizarrement. Le bmiste (K100LT) est en intégrale cuir blanche, le casque tricolore, me lance "Eh ho, la France avec moi!" en me faisant un signe de tête, puis continue sa remontée.
Je réfléchis rapidement, remet mon casque et blouson puis demarre la moto pour le suivre.
500m plus loin, j'arrive au poste de douane et vois le motard discuter avec les douaniers. Ces derniers lui font signe ok pour traverser la frontière. Là, il me voit arriver et me fait un clin d'oeil. Je m'insére prestement devant une voiture et derrière un bus en train de se faire contrôler. A mon tour, je présente mes papiers. Les formalités ne durent pas et je passe la douane sans encombres.
Un peu plus loin, le motard m'attend à cet endroit (on voit la poussiere du chantier de l'autoroute à quelques kilomètres).
La cinquantaine, un grand sourire aux lèvres il se présente et me temps la main : "Michel!" Sur sa plaque d'immatriculation Bosniaque, je vois un gros "F" et lui demande : "tu vis ici?" C'est un chef de chantier de l'autoroute Bosniaque qui est en contruction plus bas, dans la vallée. Il se rend à une concentre à Makarska, une ville Croate en bord de mer.
Je lui raconte alors mon périple et lui dis que je vais sur Trogir maintenant. Il me conseille de longer la côte car elle est superbe. Je sais bien mais je suis attendu pour déjeuner. "Ok! Mais au lieu de sortir à Split, continue 30 bornes et prends la sortie "Kastela". La route est plus sympa et t'arrivera directement sur Trogir!" Me dit t'il.
On décide de faire ensemble la route jusqu'a Vrgorac, puis on se séparera et je prendrai l'autoroute. Je n'y verrai pas plus de véhicules que la dernière fois d'ailleurs... Sortie comme prévu, je continue sur la route qui descend vers la cote.
La route est belle, pas large mais ne croiserai quasiment personne. A un moment, je me trouve face à l'adriatique! Des iles, des bateaux, la mer bleue et Trogir : un panorama superbe!
Je reviens à la vie trépidante d'une grande ville. Activités maritimes, touristes, circulation : ça change du calme de ces derniers jours! J'active le GPS en doublage des panneaux indicateurs et roule prudemment.
Je passerai le pont qui relie l'ile de Ciovo à Trogir en me disant : 19 ans aprés, rien n'a changé! En effet, lors de notre départ de Bosnie en mars 1995, nous étions venus ici, à l'hotel "Palace" et avions pris l'avion à l'aéroport de Split-Trogir pour rentrer en France.
Je reconnaitrai effectivement le fameux hotel complétement rénové et plus au gout d'une clientèle "occidentale". Par contre aujourd'hui, c'est le "Vila Tina" qui doit m'acceuillir et devrai longer le bord de l'ile sur 5kms avant d'y arriver! L'endroit est sympa, calme avec une belle vue sur le continent de l'autre coté de la mer.
Je vais à l'acceuil et me présente. Pas de souci : j'étais attendu. Formalités faites, je monte m'installer dans ma chambre. Je sors sur le balcon : les fleurs de citroniers ou d'autres agrumes diffusent des parfums printaniers. Encore une fois, je suis surpris par la place et les prestations de la chambre.
Il est midi lorsque je redescends au restaurant de l'hotel pour déjeuner. Je me met en terrasse et commande lorsqu'un groupe de touristes Japonais arrive. Il ne doit y avoir que moi qui se soit pas photographié durant 15 minutes. Le guide et le personnel de l'hotel encadrent et installent ces personnes du 3eme age juste à coté.
Repas agréable terminé, je repasse en chambre récupérer quelques affaires et file à moto visiter Trogir.
Le vieux centre à l'architecture d'influence Italienne est trés joli et bien conservé. Les ruelles sont étroites et preservent un peu de la chaleur et malgré les touristes on arrive à se croiser facilement. La visite est vite faite car le site est petit.
J'irai ensuite flaner sur le port et les parcs voisins.
Je verrai des gens se baigner en tout tranquilité.
Je remarquerai durant tout mon séjour, que le rythme de vie est quand même très cool ici. Un rythme que je conserverai à peine 3 jours aprés mon retour en France...
Retour à l'hotel, diner puis je sortirai à pied pour une petite ballade sur le bord de mer. Il fait doux, la mer et calme et personne n'est dehors. Je me rend compte que ça fait déjà une semaine que je suis parti. Et là, seul, le temps commence à peser. Heureusement que je rentre demain! Sauf que le ferry est à 19h00...
En chambre ,je ferai un tour sur les différentes chaines télé et sans rien trouver de sympa : je me coucherai pas tard!
Dimanche
- 8h00 - petit déjeuner
Le temps est maussade, couvert. Ca s'annonce mal pour la suite de la journée. J'irai faire quelques achats à l'épicerie d'à coté, en prévision du voyage retour.
- 10h30 - Je quitte l'hotel direction Split.
Il commence à pleuvoir, quelle malchance.
J'emprunterai une rocade qui longe la cote puis je ferai le plein à l'entrée de la ville . L'essence est moins chère qu'en France et surtout bien mois chère qu'en Italie. Je trouverai rapidement l'agence Jadrolinija à l'embarcadère pour obtenir mes billets.
En ressortant, stupeur : il tombe des trombes d'eau! La moto est à peine "abritée" sous des arbres d'un parc voisin juste en face. Bon, ben... je vais attendre un peu. Je déambule le long du batiment et décide de me poser en terrasse, à l'abri de l'averse.
Je commande un café au bar en surveillant la moto de loin.
- 12h30 - La pluie se calme un peu.
Je comptais visiter Split et déjeuner en ville aujourd'hui mais aux vues des éléments, je mangerai sur le port. Je m'arrète devant un petit resto pour voyageurs parmis les snacks qui jalonnent l'accés à l'embarcadère. Il y a du monde en salle à cause d'un mariage et la terrasse couverte est bien occupée aussi. Je m'installe à une des rares tables de libre et commande le déjeuner. Je resterai là un bon moment, profitant de l'accés wifi avec mon portable.
La pluie se calme. J'hésite à partir en ballade en ville avec un temps aussi incertain... Finalement, je me balladerai le long du port et passerai les heures restantes sur un banc, non loin d'un arret de bus. Je verrai des touristes, employés et autres badauds prendre leur bus réguliérement. Un ivrogne viendra même me tenir compagnie quelques minutes...
Je retournerai faire un tour à pied le long du port pendant une bonne partie de l'aprés midi. Je repérerai mon ferry amarré, en attente, avec son équipage dehors.
- 18h30 - les véhicules affluent à l'embarcadère et le temps se découvre.. Il est temps de bouger!
Je démarre et remonte la file jusqu'au personnel du port qui dirige les gens. Je m'approche et lui montre mes billets. Il me fait un large signe circulaire en m'indiquant de contourner les véhicules en stationnement. "Giro!" me dit-il. Je m'exécute et me retrouve devant le poste de douane Croate. La douanière regarde mes papiers et s'interroge sur mon immatriculation et la correspondance avec la carte verte. Elle sortira de sa guérite vérifier de visu et... me rendra tout en me disant d'y aller.
Je me retrouve à coté d'un camping-cariste anglais, seul. On nous fait signe d'attendre car ce n'est pas encore l'heure. Finalement, à 18h50, l'équipage nous fait signe et l'embarquement commence. Nous sommes 6 ou 8 véhicules tout au plus. Un peu plus tard, je verrai bien d'autres véhicules embarquer, mais force est de constater qu'il n'y a pas foule. Malgré ça : l'équipage est actif, les moteurs tournent et le bateau est prêt.
Un couple motard allemand vient se placer non loin de moi avec son 850GS. puis un autre motard arrive sur un 1000GSXR immatriculé en Italie. On se salue.
Nous laissons l'équipage brêler les motos et nous montons à l'acceuil.
Une fois récupéré ma "clé" de cabine, je vais me changer puis remonte sur le pont faire quelques photos.
Il fait doux et le ciel se découvre peu à peu laissant même passer quelques rayons de soleil. J'observe les arrivées et départs des ferries sur le port. Ce ballet incessant montre bien que les iles sont nombreuses. On dirait que les gens d'ici prennent le bateau comme d'autres prennent le bus : le plus naturellement du monde.
- 21h00 - les moteurs changent de régime. Le bateau s'éloigne du quai. Je redescends en cabine et me rends compte, comme à l'aller, que je serai seul pour la traversée. No problem! La nuit et la traversée se passeront en une seule traite! Nickel!
Lundi 6 mai
- 6h00 - Petit déjeuner.
Je suis en forme et me sers copieusement. Il y a un peu de monde ce matin. Les serveurs encadrent et informent les gens. Du personnel normal pour une majorité, mais je verrai bien quelques vigiles ou anciens miliciens pour le reste.
- 6h45 - Nous sommes tous devant les portes d'accés aux "ponts véhicules". Entré le premier, je me retrouve dans les derniers à sortir.
- 7h15 - Dehors il ne fait pas beau : le ciel est bas!
Je débarque enfin a Ancone. Je m'arrête devant un vieux marin du ferry qui nous fait signe d'avancer vers la douane italienne... Je cherche les derniers "kunas" (monnaie Croate) que je posséde encore et lui tend. Surpris, il les prend et me bredouille un "chinqyou" avec un accent slave terrible! Je souris sous mon casque...
Le passage en douane s'avère très facile pour moi, comme pour les ressortissants de l'UE. Mais beaucoup plus long pour les autres.
Je suis la direction de l'autoroute et doublerai le motard Italien du ferry avant de prendre le péage. Au bout de 5 minutes, il commence à pleuvoir. Décidemment...
Je m'arrète sur une aire et ressort mon équipement de pluie. Je le garderai sur les 500 premiers kilomètres avant de le ranger. Puis le ressortirai 200 kms plus tard, jusqu'en France pour ne l'oter qu'aux derniers 150 kms.
Pour ne pas me planter à nouveau aux fameuses jonctions d'autoroutes, j'ai quand même mis en fonction le GPS. Clair quand ça donne une meilleure assurance. Sauf que... quelques kilomètres avant Piacenza, le support alu vibre, vacille et se casse. Voyant le truc, j'ai juste le temps de le rattraper avant que l'ensemble ne tombe sur la chaussée. Je cale le tout comme je peux sur le guidon et m'arréte sur une zone protégée de la bande d'arret d'urgence. Impossible de réparer sur place. Je place le GPS sous la poche translucide de ma sacoche reservoir. La loose, encore... Ou alors cette zone est maudite pour moi!!! Bref, j'arriverai à ne pas me paumer cette fois ci
En fait, grace au rythme que je tiens, les bornes défilent rapidement. A 120 - 130 km/h de moyenne avec de trés courtes pauses, j'avance plutôt vite.
Sauf que ma vigilance baisse et je dois quand même me reposer un peu. Vers 14h00, non loin de la frontière, aprés avoir déjeuné sur une aire de station service quasi déserte (le litre de SP95 est à plus de 1,90€ je vous le rappelle), je me range au bout d'un parking et m'allonge à coté de la moto. Ma sieste durera un trentaine de minutes. Je reprendrai la route, reposé.
Vu ce que m'indique la jauge, je pense pouvoir faire 20 ou 30 kms lorsque je décide de faire le plein. La frontière n'est plus trés loin mais comme je ne me rappelle plus s'il y a une station aprés et sachant que j'ai déjà parcouru 370 kms, je ne veux pas prendre le risque d'une panne séche maintenant.
Je mettrai 17 litres. D'aprés ma moyenne : c'est du 4,6 litres aux cent! J'en reviens pas!!! D'autant plus qu'il me restait 4 litres dans le reservoir soit au moins 60 bornes tranquille.
Il y avait bien une station aprés la frontière... merdasse!
Tant pis! Pluie et soleil alterneront durant les heures suivantes. J'aurai droit aussi à un super orage aux environs de Brignoles : éclairs tombant autour de l'autoroute et trombes d'eau avec visibilité de moins de 100m (repères grace aux bandes blanches)!!! Ca se dégagera en fin de journée heureusement.
Je continuerai sans encombres pour enfin arriver à 19h30 chez moi.
Quel périple!!!
- 1000 bornes au départ d'Ancone aujourd'hui,
- même chose il y a 10 jours,
- plus les bornes en Bosnie,
- Bientôt 14 ans,
- 60000 kms,
- "stock" (c'est à dire :d'origine),
=> la moto a été remarquable d'efficacité et de fiabilité!
=> Respects Triumph!